Solidarité avec Mamadou Konaté, travailleur essentiel, migrant ayant des droits!
Le 3 novembre dernier, c’est devant les bureaux d’Immigration Canada au Complexe Guy Favreau que député.es, actrices et acteurs de la société civile, représentant.es politiques et ami.es se sont mobilisé.es dans un esprit de solidarité afin de freiner la déportation de Mamadou Konaté.
Le 16 septembre 2020, Mamadou Konaté, travailleur essentiel en CHSLD durant toute la pandémie, a été arrêté et envoyé au Centre de surveillance de l’immigration à Laval. Aujourd’hui, il fait actuellement face à un avis de déportation pour le 19 novembre prochain, le « remerciant » ainsi des années où il a contribué socialement et économiquement aux sociétés québécoises et canadiennes, dans un espoir d’une vie meilleure.
Un remerciement tel que celui reçu par Mamadou, n’est souhaité à personne. Et pourtant, à tous les jours, plus de 33 personnes comme Mamadou sont déportées du Canada, sous la juridiction d’Immigration Canada, en partenariat avec le gouvernement québécois, comme le souligne Noémie Beauvais, organisatrice communautaire au Centre des travailleuses et travailleurs migrants-CTTI. Depuis le début de la pandémie, on estime le nombre de déportations à plus de 12 000 migrant.es au Canada.
Il y a deux semaine, c’est l’histoire de Firas Bouzgarrou, travailleur migrant tunisien qui s’ajoute à la myriade d’histoires d’horreur vécues par ces travailleuses et travailleurs alors que M. Bouzgarrou a reçu l’appel des services d’Immigration Canada deux heures avant le décollage de son vol, pour se faire annoncer in extremis qu’il obtiendrait une prolongation de séjour afin de régulariser son statut.
Pour Mme Françoise David, ancienne députée de l’Assemblée nationale du Québec, « c’est faire preuve de cruauté mentale de faire vivre [cette angoisse] aux migrantes et migrants. »
Elle souligne également l’incohérence des dernières dispositions du programme de migration proposées par le gouvernement de François Legault, selon lesquelles seul.es les migrant.es qui fournissent des « soins directs » aux patients peuvent avoir accès au programme spécial d’accès à la résidence permanente, mais pas les autres. En d’autres termes, « celles et ceux qui lavent des corps sont admis tandis que celles et ceux qui lavent des murs, elles et eux, non. »
Force est de constater que ce « contact direct », cette condition de proximité exigée de nos anges gardiens à l’endroit des populations malades et des plus vulnérables de la province n’est pas un principe réciproque que le gouvernement de François Legault applique en retour à leur endroit.
Alors que l’introduction de ces dispositions discriminatoires est en complète contradiction avec le problème endémique de pénurie de main-d’œuvre qui touche diverses industries et services publics à l’échelle de la province, le gouvernement de la CAQ vient d’annoncer qu’il prévoit accueillir un nombre inédit de 70 000 migrant.e.s en 2022, afin de répondre à la situation ouvrière précaire actuelle. En d’autres termes, plus d’histoires telles que MM. Konaté et Bouzgarrou s’ajouteront à la liste si rien n’est fait.
Face à ce constat, la coordonnatrice du CISO, Amélie Nguyen, déconstruit le faux mythe véhiculé par les gouvernements québécois et canadien ainsi que par les croyances populaires selon lequel il y aurait de « bons et de mauvais migrants et migrantes » et que l’accès aux droits devrait être fondé sur le mérite. Ces travailleuses et travailleurs erronément catégorisés de « non-qualifié.es » sont dès lors traité.es comme de la « marchandise jetable». En effet, d’un côté se trouveraient les migrant.es, qui, à force de sacrifice et de souffrance silencieuse « méritent» de se tailler une place au sein de la société québécoise. De l’autre, les migrant.es qui ne répondent plus aux besoins de la société d’accueil et qui se voient expulsé.es malgré les contributions économiques et sociales faites à cette même société d’accueil. Il devient alors essentiel de réagir à la souffrance des migrants par la régularisation des sans-statuts.
C’est sur une note d’espoir et d’altruisme que les mots de Mamadou résonnent au moment de la clôture de la manifestation lorsqu’il nous « encourage à continuer de défendre les droits des migrant.es qu’il soit déporté ou pas […], car [il a] reçu beaucoup d’amour ici, au Québec ».
AGISSEZ MAINTENANT!
Le CISO vous invite à signer rapidement et à faire circuler la pétition pour demander de manière urgente l’annulation de l’ordre de déportation de Mamadou Konaté, prévue le 19 novembre prochain.
En solidarité avec Mamadou.
Texte et photos : Leïla Mérabet