Mission du CISO au Burkina Faso : Le mouvement syndical et populaire au Burkina Faso, une source d’inspiration et de courage !


De retour de Mission, voici un mot de la coordonnatrice du CISO, Francine Néméh


Le mouvement syndical et populaire au Burkina Faso, une source d’inspiration et de courage !



De retour d’une mission de 10 jours au Burkina Faso, je tiens à remercier l’ensemble des intervenants qui ont rendu ce séjour non seulement possible, mais inspirant et riche en enseignements.


En tant que coordonnatrice du CISO, j’ai été invitée par la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) à titre de conseillère pour l’appui à l’organisation du programme visant les éducatrices et éducateurs syndicaux, intitulé Le rôle clé de la formation syndicale pour l’organisation du secteur informel, qui se tenait à Ouagadougou au Burkina Faso du 26 au 29 août 2009.  En plus de cet appui au Séminaire comme tel, j’ai eu la chance d’effectuer plusieurs rencontres complémentaires qui nous permettront de formuler les bases d’une collaboration élargie entre organisations syndicales et populaires du Québec et du Burkina Faso.  Ce projet viendrait appuyer l’organisation des travailleuses et des travailleurs du secteur de l’économie informelle au Burkina Faso.


Des rencontres de grande qualité

J’ai eu le privilège de rencontrer différentes personnes au cours et en marge du séminaire dont des représentants et secrétaires généraux des six grandes centrales syndicales du Burkina Faso, soit la Confédération nationale des travailleurs Burkinabé (CNTB), la Confédération générale du travail du Burkina (CGTB), la Confédération syndicale Burkinabé (CSB), l’Organisation nationale des syndicats libres (ONSL), l’Union syndicale des travailleurs du Burkina (USTB), Force ouvrière/Union nationale des syndicats libres (FO/UNSL), et le secrétaire général du Syndicat national des enseignants du Burkina (SNEA-B), un syndicat autonome.


Toutes ces organisations, incluant le SNEA-B qui fait partie d’un regroupement de syndicats autonomes, font partie d’un regroupement national qui n’a cessé de se consolider depuis cette époque. L’Unité d’action syndicale s’est dotée d’une plateforme commune et intervient régulièrement d’une seule voix sur les grands enjeux sociaux auxquels le pays est confronté. Sa présidence est rotative et assumée par tranches de quatre mois et à tour de rôle par chacun des six secrétaires généraux des centrales membres. Les centrales s’entendent notamment sur la nécessité d’élargir les bases syndicales avec la contribution des travailleuses et travailleurs de l’économie informelle.


J’ai également repris contact et longuement discuté avec Chrisogone Zougmoré, aujourd’hui président du Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), avec qui le CISO avait entretenu des relations soutenues il y a une dizaine d’années dans le cadre d’un projet conjoint appuyé par le programme Solidarité Canada Sahel, aujourd’hui disparu. Rappelons que le MBDHP a été longtemps présidé par Halidou Ouedraogo, que plusieurs d’entre nous connaissent bien au Québec et qui fut aussi président de l’Union interafricaine des droits de l’homme (UIDH). Malheureusement, M. Ouedraogo a eu de graves problèmes de santé qui l’ont amené à quitter ses fonctions à la présidence des deux mouvements. Toujours actif, après une longue convalescence, j’ai également eu la chance de le rencontrer à son domicile durant mon séjour.


Coalition nationale contre la vie chère
Les grandes organisations membres de l’Unité d’action syndicale et plusieurs organisations de la société civile du Burkina Faso dont le MBDHP ont créé en mars 2008 la Coalition nationale contre la vie chère. Cette coalition vient consolider l’action syndicale en élargissant sa portée.
Des échanges fructueux


Il y aurait 500 000 travailleuses et travailleurs salariés en tout au Burkina dont 100 000 dans la fonction publique. 30% d’entre eux sont syndiqués, soit environ 150 000 travailleuses et travailleurs. L’immense majorité des travailleuses et travailleurs font partie de ce qu’on appelle l’économie informelle. Ce groupe constituerait 80% de l’ensemble la main-d’oeuvre. L’organisation de ce secteur, dont les membres ne bénéficient généralement d’aucune couverture sociale, a été au cœur des échanges, tant dans le cadre du Séminaire, que lors des rencontres individuelles. La situation spécifique des femmes et le problème du travail des enfants ont aussi été débattus. En effet, la conjoncture est inquiétante et le déficit en matière de droits économiques et sociaux est de plus en plus lourd. Les femmes et les enfants sont les premiers touchés. L’éducation, la santé, le logement, tous ces manques ajoutés aux conséquences présentes et futures de la crise actuelle, hypothèquent l’avenir du Burkina.


Cette mission avec la FTQ en appui à son programme « Syndicalisme en démocratie » a permis au CISO de rencontrer les partenaires de la FTQ et de la CSQ, et de renouer avec les anciens partenaires du CISO. Avec toutes ces organisations et celles qui sont membres du CISO, un beau projet de solidarité intersyndicale se dessine, sur lequel nous reviendrons bientôt.


Malheureusement, au terme de la mission, des pluies torrentielles sont venues affliger davantage la population et les petits commerces déjà fragiles. On évalue à 150 000 le nombre de sinistrés qui se retrouvent majoritairement dans les couches les plus vulnérables de la population. Au nom du CISO, je tiens à exprimer notre tristesse et notre solidarité à la population burkinabé face à cette catastrophe qui a frappé la ville de Ouagadougou. Nous espérons que, dans les circonstances, le Canada pourra faire sa part en termes d’aide humanitaire.


Francine Néméh
24 septembre 2009


Remerciements :
• Denise Gagnon, Directrice du service de la solidarité internationale FTQ
• Kafando Adama Jean Appolinaire, Responsable à l’éducation à l’ONSL, pour son appui constant comme soutien à la coordination avec le camarade Pascal Kere à la CSB
• CGTB : Tolé SAGNON Secrétaire Général
• CNTB : Augustin Blaise HIEN Secrétaire Général
• CSB : Jean Mathias B. LILIOU Secrétaire Général
• FO/UNSL : Joseph TIENDREBEOGO Secrétaire Général
• ONSL : Paul KABORE Secrétaire Général
• USTB : El Hadj Mamadou NAMA Secrétaire Général
• SNEA-B : Jean KAFANDO Secrétaire Général
• Toutes les militantes et tous les militants syndicaux qui ont participé à la formation et à la réflexion collective du 29 août 2009 à Ouagadougou
• Chrisogone Zougmoré, Président du Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) et Soma Dothié également du MBDHP
• Janet Trucker, Directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest de l’Aide à l’enfance – Canada (AEC) et Frédérique Boursin-Balkouma également de l’AEC
• Bernard Foucher, Directeur de l’Unité d’appui au programme de coopération Canada au Burkina Faso (UAP-BF)
• Salimata Conombo Nébié, de l’Unité d’appui, chargée aux communications et au Partenariat pour l’UAP-BF
• Suzanne Ethier, Deuxième secrétaire à la Coopération de l’Ambassade du Canada au Burkina Faso
• Son Excellence Jules Savaria, Ambassadeur du Canada au Burkina Faso