Le Canada viole le droit au consentement préalable, libre et éclairé de la nation autochtone Wet’suwet’en en Colombie-Britannique

 

Crédit photo: Jimmy Jeong, The Globe and Mail

 

Depuis près de deux ans, la nation Wet’suwet’en lutte jour après jour contre la construction du pipeline Coastal GasLink sur son territoire non-cédé. Ce pipeline de 647 km, qui acheminerait du gaz fracturé, représenterait une grave menace, non seulement pour la faune et la flore du territoire, mais également pour tout un ensemble de pratiques et d’activités traditionnelles de la nation. Malgré les contestations et le refus clair des Wet’suwet’en de consentir et de participer au projet, le développement de celui-ci se poursuit, en contravention avec les normes de droit international reconnues et l’entreprise Coastal GasLink est toujours présente sur le territoire et ignore les demandes de quitter la zone que font les chefs héréditaires de la nation.

 

Les militantes et militants de la nation qui défendent leur territoire et luttent contre le projet sont victimes de répression et de criminalisation depuis maintenant plusieurs mois. D’abord mis sous surveillance par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), ces derniers sont désormais confinés à leur territoire traditionnel, puisque la GRC a établi un périmètre dit « de sécurité » et contrôle l’accès au territoire, restreignant par le fait même le passage des membres de la communauté et des médias et l’approvisionnement en nourriture et en vêtements chauds.

En vertu du droit international, le Canada se doit de respecter le droit des Wet’suwet’en à consentir librement et de façon éclairée aux projets d’exploitation ayant lieu sur leur territoire, tel qu’il est édicté dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, instrument international ratifié par le Canada en 2010. Bien que dix années aient passées et malgré ses déclarations en grande pompe en faveur d’une soi-disant réconciliation, le Canada n’a toujours pas harmonisé sa législation nationale à la déclaration. Il s’agirait pourtant d’un premier pas vers un plus grand respect des droits autochtones au Canada et vers une réconciliation réelle et durable entre le gouvernement et les peuples autochtones.

 

Alors que les mobilisations se feront de plus en plus fortes face à l’urgence climatique, la nation Wet’suwet’en prend en fait de grands risques pour la défense du droit à un environnement sain pour toutes et tous, et que cette tendance répressive liberticide représente une menace pour ces populations, mais aussi pour l’ensemble des groupes qui souhaiteront se mobiliser pour une transition juste à l’avenir. Pourquoi ne pas être de vrais allié.e.s et saisir cette occasion d’apprendre, de comprendre, de décoloniser les mentalités destructrices, plutôt que de contribuer à présenter les peuples autochtones comme une menace ou un problème à régler pour favoriser le profit de grandes compagnies?

 

Le Centre international de solidarité ouvrière (CISO), organisation intersyndicale de solidarité internationale, et ses membres sont solidaires des Wet’suwet’en dans leur lutte pour la protection de leur territoire traditionnel.  Nous dénonçons fortement la criminalisation et la répression auxquelles les Wet’suwet’en font face et nous demandons au Canada de d’abord suspendre le projet Coastal GasLink, puis d’entreprendre sérieusement des démarches pour inclure la déclaration des Nations Unies dans la législation nationale.

 

Luc Allaire, président du CISO, et Amélie Nguyen, coordonnatrice du CISO.