Depuis plus de huit mois, des travailleurs de Hey Tekstil protestent à Istanbul. Leur entreprise a fermé ses portes au printemps 2012 sans payer leurs arriérés de salaires, ni leurs indemnités de licenciement, pour un montant total de 4,7 millions d’euros. Vivant dans des situations de plus en plus précaires, ils interpellent les principaux clients de leur usine, à savoir la marque Esprit et son agent Li & Fung, qui représentaient plus de 80% de la production au moment de la fermeture.

Agissez Maintenant ! Esprit et Li & Fung doivent négocier et indemniser avec les travailleurs

En février 2012, Hey Tekstil, un fabricant turc de vêtements, fermait son usine à Istanbul, laissant 420 travailleurs sans emploi. En mai, c’est toute l’entreprise Hey Tekstil qui fermait, laissant plus de 2.000 travailleurs sur le carreau. Ses travailleurs n’ont jamais reçu leurs arriérés de salaires, ni leurs indemnités de licenciement, ni les autres avantages auxquels ils ont pourtant droit. Par exemple, les 420 travailleurs de l’usine d’Istanbul n’étaient plus payés depuis novembre 2011. Au total, Hey Tekstil doit 4,7 millions d’euros à ses anciens travailleurs, qui vivent aujourd’hui des situations de plus en plus précaires. Depuis, Hey Tekstil s’est déclaré en faillite.

Des travailleurs en situation précaire

Huit mois après la fermeture, des travailleurs de Hey Tekstil se retrouvent dans l’incapacité d’envoyer leurs enfants à l’école ou d’acheter des médicaments pour se soigner.

Gullu Ilk a deux enfants, de 14 et 16 ans. Depuis la fermeture de Hey Tekstil, elle travaille par contrat journalier. Gullu est une personne handicapée, ce qui l’empêche probablement de trouver un autre emploi d’ici la retraite. Son ex-employeur lui doit encore 3 mois de salaire, des indemnités de licenciement et d’autres avantages. Gullu estime qu’elle a travaillé « pour un entreprise qui produisait pour de grandes marques. Maintenant les marques devraient payer ces salaires. »

Murtaza Koseoglu a travaillé 9 ans à l’usine Hey Tekstil. Il a à sa charge ses deux enfants, sa femme et sa mère de 87 ans. Il témoigne :  » je proteste ici depuis 8 mois parce que j’ai travaillé de nombreuses années pour ces marques. Je suis là pour l’avenir de ma femme et de nos deux enfants. J’ai des problèmes de santé et des dettes envers les banques et des magasins d’épicerie. J’ai perdu mon assurance sociale. Bientôt je ne serai plus remboursé pour mes médicaments contre le diabète. Je n’ai pas d’autre choix que d’être ici. »

Forcer Esprit et Li & Fung à négocier

Hey Tekstil fournissait plusieurs marques internationales, dont la principale est Esprit. Elle y plaçait ses commandes via Li & Fung, un des plus grands négociants de vêtements au monde. Li & Fung représentait 80-90 % de la production dans les usines Hey Tekstil ces deux dernières années.

Esprit et Li & Fung ont fait une offre humiliante « d’assistance juridique » aux travailleurs, qui ont déjà entamé par eux-mêmes des démarches juridiques. Cette offre est honteusement inadéquate. De telle procédure prennent plusieurs années pour aboutir et les travailleurs vivent des situations d’urgence. Esprit et Li & Fung doivent entreprendre des actions concrètes dès à présent et négocier un accord sérieux avec les travailleurs. C’est la seule manière de mettre un terme à cette affaire dans la dignité.

Les travailleurs turques de Hey Tekstil ont interpellé à plusieurs reprises la direction de Hey Tekstil, Li & Fung et Esprit. Des partenaires de la Clean Clothes Campaign, le réseau international d’achACT, ont menés des actions de solidarités en Turquie, en Thailande et à Hong Kong, où se trouve les sièges d’Esprit et Li & Fung. Mais jusqu’à présent, Esprit et Li & Fung ont refusé de s’assoir à une table avec les travailleurs pour négocier le paiement de leurs salaires et de leurs indemnités. Esprit et Li & Fung ont traîné les pieds durant huit mois. Aujourd’hui, 260 jours après que les travailleurs ait été licenciés sans préavis, ni paiement, Esprit vient d’annoncer le début d’une « l’enquête » sur cette situation. Li & Fung de son côté, estime qu’il n’a aucune responsabilité, malgré le fait d’avoir été le client principal durant ces deux dernières années, et malgré le fait qu’il a racheté une partie de Hey Tekstil. C’est inacceptable !

Agissez Maintenant ! Esprit et Li & Fung doivent négocier et indemniser avec les travailleurs