Changement de cap nécessaire pour amener une paix durable en RDCongo
La prise de Goma à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) par le Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par le Rwanda constitue un affront majeur aux règles du droit international et à la plus grande et la plus coûteuse mission de paix des Nations Unies et elle intensifie une crise humanitaire déjà alarmante. L’implication avérée du Rwanda, membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, dans les opérations militaires d’un groupe rebelle sur le territoire congolais place la communauté internationale devant une situation inédite qui commande de nouvelles stratégies.
Les derniers événements révèlent des faits à prendre en compte pour en finir avec les crises à répétition imposées aux populations de l’Est de la RDC:
- Le Rwanda et l’Ouganda appuient, en violation du droit international, la rébellion du M23 qui menace l’intégrité territoriale du Congo. Ils devront certainement faire partie de la solution à la crise mais il faut constater qu’ils font aujourd’hui partie du problème. Une révision des rapports bilatéraux avec chacun de ces pays s’impose.
- La CIRGL dont la création a été grandement supportée par le Groupe des pays amis de la région, particulièrement par le Canada, a perdu de sa crédibilité et n’a pas démontré sa capacité à faire appliquer par ses membres le Pacte sur la paix, la sécurité, la stabilité et le développement dans la Région des Grands Lacs adopté en 2006 et entré en vigueur en 2008.
- Les autorités politiques congolaises issues des dernières élections aux résultats invérifiables ont une légitimité très limitée auprès des populations, ce qui limite grandement leur capacité d’apporter une solution consensuelle et durable à la présente crise.
Dans ces circonstances et compte tenu de la gravité de la crise actuelle, le gouvernement du Canada doit :
- Exiger un cessez-le-feu immédiat et le respect du droit humanitaire par tous les belligérants : le M23, les FARDC et les milices qui leur sont alliées, ainsi que par les troupes étrangères présentes en RDC;
- Acheminer l’aide humanitaire d’urgence aux populations déplacées sur tout le territoire affecté;
- Condamner le Rwanda et l’Ouganda pour le soutien qu’ils accordent au M23, exiger la fin de cette aide et décréter des sanctions contre ces régimes (embargo sur les armes, remise en question de leur participation dans les organisations internationales, etc.);
- Réclamer du Comité des sanctions des Nations Unies qu’il inclut sur sa Liste des personnes et entités visées, les dirigeants rwandais et ougandais impliqués dans les activités de déstabilisation du M23 ayant conduit à de graves abus à l’encontre des populations civiles, abus dont ils sont directement ou indirectement responsables;
- Plaider pour que le mandat de surveillance des frontières entre le Rwanda et la RDC soit rapidement confié à la MONUSCO, dont le mandat serait modifié en conséquence, et non pas à une hypothétique force de la CIRGL.
Groupes signataires :
L’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), Carrefour Foi et Spiritualité de Bordeaux-Cartierville, Carrefour Tiers-Monde Québec, Développement et Paix, L’Église Unie du Canada, Kairos – Initiatives canadiennes oecuméniques pour la justice, L’Entraide missionnaire, Terre sans Frontières.