Archive pour la catégorie ‘Marc-Arthur’

Crise en Haïti : lettre ouverte de la Concertation Pour Haïti (CPH)

jeudi 17 novembre 2022

Montréal, 18 octobre 2022

Le Canada se trouve à une croisée des chemins dans sa longue relation avec Haïti. Le gouvernement Trudeau doit choisir entre continuer à soutenir un gouvernement corrompu, incompétent et meurtrier, dirigé par le Dr Ariel Henry, ou mettre en œuvre la phrase souvent répétée : une solution haïtienne.

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L’analyse des conditions de vie des ouvriers et ouvrières en Haïti

vendredi 8 juillet 2022

Alors qu’Haïti continue de s’enfoncer dans une crise qui semble sans issue à court terme, nous vous invitons à prendre connaissance de cet article que Mme Winnie Pierre François d’Antèn Ouvriye, une organisation d’appui aux luttes ouvrières, a bien voulu partager avec le CISO. Elle y décrit les conditions de vie et les luttes des ouvriers.ères haïtien.ne.s dans le contexte actuel d’insécurité, d’impasse politique et d’augmentation fulgurante du coût de la vie.

Pour y avoir accès :

Conditions de vie ouvrières en Haïti

Lettre ouverte de la part des membres du regroupement Concertation Pour Haïti

lundi 6 juin 2022

 

Montréal, le 18 mai 2022

L’honorable Mélanie Joly, C.P., députée

Ministre des Affaires étrangères

 

Madame la Ministre,

 

La Concertation pour Haïti (Cph), un regroupement d’organismes québécois de solidarité et de développement œuvrant en Haïti, vient vous faire part de ses préoccupations devant la piètre situation des droits humains, qui prévaut en Haïti.

La Cph dénonce ce climat de violence généralisée, qui déferle sur Haïti. Les gangs armés, qui commettent des crimes d’une violence inouïe, inspirent une immense terreur au sein de la population. On ne peut que condamner fermement cette brutalité, cette inhumanité envers les personnes victimes de ces actes odieux, pour la plupart des civils pris entre deux feux, notamment au nord et au sud de Port-au-Prince.

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Lettre ouverte de la part des membres du regroupement CPH

jeudi 27 janvier 2022

 

Montréal, le 20 janvier 2022

 

Honorable Mélanie Joly

Ministre des Affaires étrangères

 

Nous, membres de la Concertation pour Haïti, un regroupement d’organisations et d’individus de la société civile québécoise, réclamons la mise en place d’un processus politique inclusif et transparent ayant pour objectif d’assurer la direction démocratique du pays. À cet égard, il nous apparait impératif d’inclure dans le processus de prise de décisions, les acteurs de la société civile haïtienne qui réfléchissent depuis longtemps sur la conjoncture politique et qui propose des voies de passage permettant la réappropriation des leviers de pouvoirs au peuple haïtien, notamment les organisations qui sont partie prenante de l’Accord de Montana. Fruit de plusieurs mois de travail, cet Accord est le plus large, le plus consensuel, le plus élaboré et vise une transition de rupture pour refonder l’État.

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Haïti dans un vide constitutionnel

lundi 19 juillet 2021

Suite à l’assassinat du président Jovenel Moïse et la tourmente constitutionnelle en résultant, le CISO réaffirme sa solidarité avec le peuple haïtien. Alors que le pays entier était déjà en proie à une situation d’instabilité et d’insécurité extrêmes sous le régime corrompu et illégitime de Moïse, il sera maintenant d’une importance cruciale d’assurer une transition démocratique pensée par et pour la société civile haïtienne.

En ce sens, les membres de la Concertation pour Haïti, dont le CISO fait partie, expriment leurs inquiétudes dans cette déclaration publiée dans le Journal Métro.

« Il est clair que la communauté internationale devrait soutenir les efforts mis en place localement pour permettre l’établissement d’un gouvernement de transition qui jouirait d’un large consensus et qui pourrait commencer à s’attaquer au climat d’impunité, à l’insécurité, à la corruption et à la pauvreté endémique dans le respect du droit à l’autodétermination de la population haïtienne. »

Pour mieux comprendre la crise actuelle, nous vous invitons à consulter ces articles également:

Le Canada doit respecter le droit à l’autodétermination d’Haïti

jeudi 8 juillet 2021

Sous forme d’un communiqué de presse, les membres du Collectif Concertation pour Haïti, dont le CISO fait partie, réitèrent leur inquiétude face au climat d’impunité en Haïti, déplorent l’instabilité provoquée par le gouvernement illégitime en place, et décrient le rôle du Core Group, dont le Canada fait partie.

Le collectif exige donc du gouvernement canadien, des institutions internationales et singulièrement du Core Group:

1. De respecter la souveraineté des Haïtiens et Haïtiennes, et de s’abstenir de dénoncer toute ingérence dans les affaires d’Haïti.

2. D’écouter les acteurs et actrices de la société civile haïtienne, qui se sont prononcés publiquement et à maintes reprises contre la tenue d’un référendum inconstitutionnel et d’élections qui, dans les conditions actuelles, ne seront ni libres ni démocratiques, et ne peuvent s’apparenter qu’à une farce tragique, risquant de conduire à la restauration de la dictature.

3. De dénoncer l’illégitimité du référendum et du processus électoral, ainsi que l’absence de conditions pour que des élections libres et démocratiques puissent être réalisées avec Jovenel Moïse au pouvoir.

4. De soutenir un processus de transition exigé et mis en œuvre par les Haïtiens et Haïtiennes, en se référant à la Constitution de 1987.

5. D’appuyer le travail des organisations haïtiennes pour que les responsables des violations des droits humains – au premier rang desquels les massacres et la dilapidation des fonds Petrocaribe – soient jugés de façon juste et équitable.

6. De revoir plus largement, avec humilité et honnêteté, leurs politiques poursuivies ces dernières années, et même décennies, qui ont contribué à l’impasse actuelle.

Lettre au premier ministre en solidarité avec les travailleuses et travailleurs d’Haïti

mardi 15 décembre 2020

Monsieur le Premier Ministre,

Nous, les signataires de cette lettre, sommes extrêmement inquiets face à la montée des violences et de l’insécurité pour la population haïtienne, et à la tolérance de plus en plus grande envers des gangs armés par les forces policières et par le gouvernement haïtien.

 

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Le peuple haïtien, à la recherche d’une vie meilleure

jeudi 31 octobre 2019

 

Le gouvernement haïtien avait prévu l’ouverture de l’année scolaire 2019-2020 au lundi 9 septembre dernier. Ils étaient peu nombreux, les parents, qui avaient honoré cette journée en permettant à leurs enfants d’emprunter le chemin de l’école, car la grande majorité de ces parents sont incapables financièrement de répondre aux obligations des directions des établissements scolaires qui sont à plus de 80% privés. La conjoncture turbulente que vit le pays depuis le début de la deuxième semaine du mois de septembre a débuté par une rareté de l’essence aggravée par des bandes armées qui sèment le deuil et la souffrance dans une large étendue du territoire national. De plus en plus de faits ont prouvé que certains gangs sont financés et approvisionnés en munitions par des autorités établies, d’autres par des secteurs mafieux au sein des membres les plus puissants des classes d’affaires ou tolérés par ces deux camps.

L’opposition au régime corrompu du président Jovenel Moïse et de son parti politique dénommé malicieusement Pati Haïtien Tèt Kale( en français tête chauve) PHTK, a profité du ras-le-bol de la population pour enclencher une lutte visant à l’éjecter du pouvoir. Le nom du chef de l’État a toujours été associé, même avant son accession à la présidence, à des activités interlopes. La Cour Supérieure des Comptes et des Contentieux administratifs a révélé au début de cette année que son nom est impliqué soixante-neuf fois, ainsi que celui de ses acolytes, dans des détournements de fonds du Petro Caribe. C’est l’ancien président Hugo Chavez qui avait offert un avantage énorme à l’État haïtien pour améliorer les infrastructures et la situation du peuple. (Voir « Haïti, Un climat insurrectionnel« ) sur le Pétro Caribe.

Le peuple haïtien a décidé de ne pas se laisser gouverner par des malfrats.

Voilà le contexte sociopolitique et économique qui a conduit le pays dans un cycle de mobilisations qui entraînent de plus en plus de monde dans des manifestions immenses, atteignant parfois des millions de personnes à travers le pays. Le premier grand soulèvement a eu lieu les 6,7, et 8 juillet 2018 pour protester contre la hausse du prix de l’essence sur une injonction du Fond Monétaire International qui n’a jamais cessé de nous prescrire ses habituels remèdes de cheval. Une telle mesure correspondrait automatiquement à l’augmentation du coût du transport public et de la cherté de la vie. La spontanéité de la réaction populaire a contraint le gouvernement à rétracter sa décision.

A partir des mois d’octobre, de novembre de l’année dernière, et de février et de juin de cette année, la lutte anti-gouvernementale a connu une autre dynamique. De plus en pus de voix exigent non seulement la vérité sur le vol des fonds de Pétro Caribe mais aussi la démission du Chef de l’Etat qui, malgré l’échec total de toutes ses promesses électorales, continue à en faire d’autres, plus mirobolantes les unes que les autres, ce qui a changé la donne.

 

Rien ne fonctionne comme à l’ordinaire

Depuis ce début de septembre, le pays est littéralement bloqué. On dit qu’il est en mode  » lock ». Rien ne fonctionne comme à l’ordinaire. Pas même la présidence, car son chef a fui le Palais national et dirige à distance le cabinet ministériel qui, légalement, n’existe plus. Pourquoi?

Un premier ministre a donné sa démission suite à des manœuvres du président qui lui reprochait d’avoir alimenté les manifestations des rues en vue de le remplacer. Le chef de l’État, qui est au plus bas de sa popularité, a nommé un deuxième premier ministre qui a reçu le même sort que le premier. Les deux n’ont pu présenter leur déclaration de politique générale par devant le Sénat, dont une minorité leur avait fermé l’entrée. Il advient que c’est le premier successeur pressenti qui fonctionne en dehors des limites prévues par la Constitution. Le mandat des députés et bientôt celui des deux tiers du sénat seront arrivés à terme au début du mois de janvier prochain alors que les élections constitutionnellement prévues pour ce mois d’octobre sont impossibles à tenir. Les drapeaux d’une grande partie de l’administration publique sont en berne. La plupart de leurs portes ont été fermées par les manifestantes et les manifestants pour entraver davantage les démarches du président de la République. Les rues, les routes nationales, même les chemins vicinaux sont difficiles d’accès, encombrés par des barricades de pneus enflammés. On souffre de la rareté de tout. Les paysans n’arrivent qu’avec beaucoup de peine à acheminer leurs produits aux marchés de surface. Les grands centres commerciaux souffrent de la rareté de certains produits. Des ateliers de misère des zones franches de l’assemblage commencent à congédier leurs ouvrières et ouvriers à cause des embûches de la circulation et du dysfonctionnement quasi total des ports. La gourde se déprécie à un rythme inquiétant. On a besoin de plus de 93 gourdes pour un dollar américain dans un pays où la production nationale s’est effondrée sous les fourches caudines du néo-libéralisme, du délabrement ininterrompu de l’environnement, du fait du mépris des autorités responsables dans ce domaine.

Le pouvoir qui ne bénéficie que du rare appui du Core Groupe formé des représentants diplomatiques des États-Unis, du Canada, du Brésil, de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne, de l’Union européenne, de l’ONU et de l’OEA, reste attaché à son poste. Lors des premières grandes mobilisations, le Core Groupe et l’équipe présidentielle pouvaient compter sur l’essoufflement de la grande majorité d’un peuple qui vit de leurs activités, si petites soient-elles, au jour le jour, ce qui affaiblissait ces mobilisations. Cette fois-ci, la situation diffère. Nous sommes à la sixième semaine consécutive du ‘lock’. La détermination anti-Jovenel et anti-PHTK s’amplifie, avec beaucoup plus de gens dans les rues et sur les barricades et un discours beaucoup plus radical et agressif. Tous les secteurs vitaux de la nation, même les plus conservateurs comme les Eglises, le patronat, la plupart des syndicats, se sont joints aux partis politiques de l’opposition pour demander le départ d’un président qui ne gouverne rien.

Aux mots d’ordre de plus en plus radicaux allant jusqu’au changement de système véhiculés lors des mégamanifestations nationales quotidiennes, la police répond violemment avec une brutalité non proportionnelle face à une foule immense, mais pacifique. Elle fait un usage abusif de gaz lacrymogène, de camions d’eau polluante dite dlo graté, de balles en caoutchouc et parfois de balles réelles qui causent des morts, des blessures et des personnes handicapées. Cette attitude mortifère a soulevé bien des fois la colère des gens qui attaquent les policiers avec tous les moyens qu’ils trouvent à leur porté: roches, tessons de bouteilles etc.

 

Comment l’avenir immédiat se profile t-il?

La perspective, si le président, ses prétendus amis internationaux et nationaux, ses proches collaboratrices et collaborateurs, refusent d’entendre la voix de la grande majorité, ne sera pas réjouissante. La situation pourra déboucher sur une grande catastrophe avec des émeutes de la faim, une paralysie totale de toutes les activités sociales et économiques et sur une violence inouïe venue de la frustration grandissante de toutes les catégories sociales. Déjà, la mairie de Port-au-Prince a annoncé son incapacité d’enlever les immondices par manque d’essence et de l’impraticabilité de certaines rues. Il existe des quartiers infestés de bandits lourdement armés qui défient la police, qui tuent, dévalisent les passant.e.s, détournent des camions de marchandises et même des camions-citernes d’essence en plein jour. Les conséquences malheureuses de ces pratiques sont immédiates. Des gens meurent dans les hôpitaux par insuffisance de soins due aux déficiences de médicaments les plus urgents comme l’oxygène. L’année scolaire a très mal débuté. Les écoles ont dû fermer 2 jours après leur ouverture. Aujourd’hui, nos institutions sont incapables de remplir leurs tâches auprès de nos organisations qui ont tant besoin de notre accompagnement. Nous sommes dans l’obligation de nous caserner.

Cette crise sociopolitique a des conséquences sur:

L’Institut culturel Karl-Lévêque (ICKL)

Depuis le début de septembre, avec cette nouvelle série de luttes populaires contre le gouvernement, le personnel de l’Institut est confronté à d’énormes obstructions. Il se trouve dans l’impossibilité de répondre à ses rendez-vous, notamment à ceux se déroulant sur le terrain des organisations paysannes qu’il accompagne. Les routes, comme il est mentionné ci-dessus, sont bloquées.

Le cas ne diffère pas pour nous du bureau. Port-au-Prince se lève tous les jours sous des barricades enflammées et les gens qui aimeraient ou qui tenteraient de les traverser font face à des menaces proférées par les personnes qui les ont dressées. C’est pourquoi nous éprouvons de grandes difficultés à fréquenter le bureau avec la même régularité.

Sur les organisations partenaires:

Les organisations partenaires, elles aussi, se trouvent impliquées à leur manière dans la lutte contre ce pouvoir qui s’est dressé comme un ennemi direct de la paysannerie tant que ses mesures vont à l’encontre de leurs revendications. De toute façon, nos organisations partenaires ne peuvent pas mener les mêmes activités, vu du fait qu’elles sont aussi prisonnières des mêmes empêchements que nous.

Pour pallier ces entraves, nous avons créé un groupe whatsapp afin de partager les informations avec nos partenaires sur l’évolution de leur localité et de leur apporter notre solidarité.

La sortie de crise ne semble pas être pour demain même si le départ du président et de son équipe n’est pas trop loin. La conscience populaire a l’air d’avoir progressé et ne s’apprête pas à accepter n’importe quelle transition.

 

 

Marc-Arthur Fils-Aimé

Directeur Général de l’ICKL

15 octobre 2019

Bref regard sur les élections du 20 novembre dernier

mardi 6 décembre 2016

 

Effectivement, les élections présidentielles et celles d’un tiers du Sénat et de quelques député.e.s qui ont raté le coche de 2015, ont eu lieu le dimanche 20 novembre dernier. La journée a été calme sans violence apparente. Le Conseil Électoral Provisoire (CEP), le président de la République Jocelerme Privert, le premier ministre Enex Jean- Charles  et l’ensemble du corps exécutif ont recueilli de toutes parts un flot de félicitations. Ils ont pu, d’après plus d’un, faciliter la réalisation des élections sans leur ingérence intempestive.

 

Pourtant, le ver est dans le fruit. Le Conseil a hérité d’une machine électorale sur laquelle il ne dispose que d’un contrôle très limité. Il a essayé d’y apporter une certaine modification dans l’esprit de la bonifier en changeant quelques membres des bureaux électoraux.  Pourtant, c’est tout le processus qu’il devait totalement transformer. Les 9 conseillères et conseillers électoraux en quelques mois, même de bonne fois, ne peuvent maîtriser un appareil vieux de quelques quinze années avec des cadres dont la plupart sont subordonnés à des intérêts antipopulaires et antinationaux. C’est ce qui a facilité des fraudes de diverses sortes. Par exemple, des gens ont voté avec des cartes qui ne leur appartiennent pas et des superviseurs ne se sont pas opposés à ces manœuvres déloyales.

 

La situation économique y est pour quelque chose. En effet, des votantes et votants ont vendu leur vote pour quelques mille gourdes soit pour moins de 15 $ américains. Il est intéressant d’expliquer ce comportement qui est en soi une sorte de violence. Le vendeur donne la moitié de la somme et un téléphone à l’acheteur qui doit filmer sa signature après avoir voté. Au retour, elle ou il reçoit l’autre moitié de ce qui est dû.

 

De plus, la communauté internationale en dépit du fait que les élections ont été financées par le trésor public haïtien a joué un rôle important dans le déroulement des élections surtout avec une présence remarquable au centre de tabulation, là où les dernières cartes se jouent. Cette communauté internationale qui avait applaudi des deux mains aux élections bancales de 2015 qui avaient annoncé la victoire du même Jovnel et qui a remporté dès le premier tour celles de cette année d’après les résultats préliminaires du Conseil électoral.

 

La communauté accepterait-elle de perdre la face? Qui peut expliquer la logique qui fait que des procès-verbaux d’un centre électoral logé à Cité Soleil qui se trouve à quelques minutes à pied du centre de tabulation soient arrivés à ce centre plus de 48 heures après la tenue des élections? C’est l’UNOPS,(United Nations Office for Projects Services) cet organisme des Nations-Unies, qui est responsable de ce service. Leurs voitures curieusement sont tombées en panne plusieurs fois au cours du transport de ce matériel délicat.

 

C’est ce qui a porté les principaux candidates et candidats à la présidence à contester le résultat qui a donné à Jovnel Moïse la victoire à plus de 55% des votes. Celui-ci est le fils spirituel de l’ancien président Martelly. Si son élection est confirmée après les recours légaux, le pays va souffrir de l’insouciance de cette équipe, la plus corrompue que le pays ait connu ces derniers temps. Son plus prochain concurrent Judes Célestin, dauphin de l’ancien président Préval n’en a récolté qu’environ 19 %.  Il n’est pas non plus un saint parmi les saints et son nom est cité dans plusieurs choses louches. Des mobilisations commencent à couvrir certains quartiers de la capitale et qui vont  s’intensifier dans les jours ou les semaines à venir pour contrer l’arrivée de Jovnel au timon des affaires de l’État haïtien. Pourtant celui-ci, deux ans auparavant, ne s’occupait que de ses affaires privées. C’est l’ancien président Michel Martelly qui l’a parachuté sur la scène politique.

 

Fût-il légal, le nouveau président n’aura aucune légitimité avec un taux de participation populaire de 20% aux élections. La grande  majorité ne s’est pas retrouvée dans les promesses des 27 candidates et candidats à présidence. Même l’ancien président Aristide n’est pas arrivé à mobiliser ses troupes au profit de sa représentante directe, Docteur Maryse Narcisse. Son mythe a écopé d’un coup qui ne restera pas sans conséquence sur sa vie et son comportement politiques même si sa capacité de mobilisation n’est pas totalement éteinte. Il existe certaines poches populaires qui lui restent encore fidèles et qui sont prêtes à exécuter ses mots d’ordre. La participation aurait pu être plus faible si ce n’était la candidature des sénateurs et des députés qui ont bénéficié de la proximité de leurs riverains.

 

Jovnel va diriger le pays avec quelque 500 000 voix sur une population en âge de voter de plus de 6 millions de personnes. Sa réussite ne signifie nullement une large popularité. C’est pourquoi d’ailleurs nous n’avons assisté à aucune manifestation de joie à travers le pays comme cela se faisait lors des autres élections.

 

Marc-Arthur Fils-Aimé

4 décembre 2016

Haïti : Les dégâts de Matthew sont naturels et systémiques

mercredi 16 novembre 2016